Un homme mystérieux arrive dans une petite ville, tirant un cercueil boueux derrière lui. Nommé Django, cet étranger sauve la vie d’une jeune femme et se retrouve ainsi projeté en plein coeur d’une guerre entre des révolutionnaires mexicains et une bande de racistes sadiques menés par un fanatique, le major Jackson. Malgré le chaos ambiant, Django met son plan enaction : se venger, en opposant ennemi contre ennemi…
Dans les annales du western italien, Django (1966) fait figure de film séminal. Deux ans après Sergio Leone et Pour une poignée de dollars, Sergio Corbucci participe lui aussi avec Django à l’invention du western européen jusque-là cantonné dans l’imitation servile et médiocre des classiques américains. Sergio Corbucci a été l’un des artisans les plus prolifiques et les plus inspirés du western à l’italienne. Il va exacerber, avec un bonheur égal, le genre dans deux directions opposées, et toutes latines : la cruauté et la bouffonnerie. Django et Le Grand Silence, ses westerns les plus célèbres, appartiennent à la première catégorie, portés par une esthétique de la violence qui substitue à l’ironie et au naturalisme léoniens un sadisme presque surréaliste. Django se présente comme une allégorie sur le totalitarisme avec un état en proie au chaos et à des massacres perpétrés sur la population mexicaine par un tyran local et ses sbires, qui apparaissent souvent avec des cagoules rouges. Le scénario, pourtant écrit à cinq mains minimum comme d’habitude avec les productions italiennes de cette époque, semble bâclé et copié sur celui de Pour une poignée de dollars. Corbucci puise son inspiration dans les films d’horreur gothiques (il avait lui-même tourné un excellent Danse macabre) et invente un antihéros torturé qui traîne derrière lui un cercueil et débarque dans une ville fantôme enfouie sous la boue. Le cercueil dissimule une mitrailleuse. Django aura les mains réduites en bouillie par ses tortionnaires. Le final où s’accomplira la vengeance du pistolero martyrisé se déroule dans un cimetière abandonné.
Olivier Père, arte.tv
Au Max Linder à partir du 6 avril