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Semaine apocalyptique : Take Shelter

 

 

Mieux que personne de sa génération, Nichols, 33 ans, auteur de l’épatant Shotgun Stories en 2007, réussit la synthèse entre une production indé débarrassée de ses tics Sundance et d’un cinéma grand public. Aussi à l’aise sur les deux tableaux, au risque parfois de jouer un peu trop sur la langueur de ses effets, le cinéaste est l’un des rares aujourd’hui à pouvoir ainsi mêler, sans forcer, des plans somptueux de ciels tourmentés, rappelant quelques grands filmeurs à la Malick, à des effets spéciaux aussi modestes que pertinents.

Quiétude aveugle. La paranoïa visqueuse qui s’introduit comme un venin dans la peau de Curtis relève ici d’une imagerie de cinéma catastrophe. Pourtant, nous dit le film, le danger est ailleurs : justement dans la quiétude aveugle de ce monde qui s’effondre au ralenti sans que cela ne choque personne. Alors, qui est vraiment le plus dingue ? Celui qui voit arriver la catastrophe ? Ou ceux qui regardent ailleurs en prétendant que tout est absolument normal ?

Bruno Icher, Liberation.fr