(...) Le nihilisme que porte Lars Von Trier à travers Melancholia ne dialogue pas avec un nombre délirant d’œuvres contemporaines. Il est rattaché à une tradition passée, qui va de Dürer à Gérard de Nerval. Et il renvoie les balles au plomb lourd qui étaient celles de Kubrick (2001, bien sûr, mais aussi Full Metal Jacket) ou le Tarkovski opaque de Solaris ou du Sacrifice. Melancholia a comme eux cette façon de planquer, sous la démonstration et sous une maîtrise géniale de l’écriture filmique, quelque chose de mat et d’inconsolable. C’est à la fois le cinéma dans la pleine puissance de ses moyens et un constat du monde, de l’air, des hommes, qui ne saurait se consoler de rien. Von Trier est un faux provocateur, et l’incurable Melancholia, l’absolu contraire d’une provocation.
Philippe Azoury, Libération.fr