Entre deux films d’horreur fauchés avec plante carnivore ou monstre en caoutchouc, Roger Corman, le grand manitou de la série B, voire Z, a tourné une pépite, The Intruder, un excellent drame racial, injustement boudé par le public à sa sortie, et dont l’efficacité et la sobriété tranchent dans une filmographie pléthorique davantage portée sur la déviance. (...)
« Je voulais m’éloigner du cinéma de genre et tourner un film engagé, évoquant la lutte pour les droits civiques et l’intégration des enfants noirs dans les écoles du Sud. Personne n’a voulu me financer. Le tournage fut éprouvant, menaces de mort à la clé (1). » Réalisé en 1962 avec l’argent rapporté par le succès de ses deux premières adaptations d’Edgar Poe (La Chute de la maison Usher et La Chambre des tortures), The Intruder a été filmé en décors naturels dans plusieurs villes du Missouri, en faisant appel à des autochtones pour la figuration. Dont très peu (euphémisme) partageaient les opinions progressistes de Corman et de son scénariste. « Le sujet explosif nous a causé beaucoup de problèmes et j’ai dû faire appel aux polices locales pour protéger mon équipe. Nous passions de ville en ville après avoir été chassés de la précédente par les habitants furieux quand ils se rendaient compte du thème du film. »
Telerama