Queen and Slim, c’est d’abord ce couple presque légendaire ; incarné par deux comédiens absolument magnifiques, Daniel Kaluuya et Jodie Turner-Smith. Cette dernière illumine totalement l’écran. Elle rend compte de la complexité de son personnage, passant de la juriste intellectuelle et posée à la femme fatale, langoureuse et mystérieuse. La caméra saisit la beauté magnétique de la jeune femme, au milieu de paysages superbes comme écho à l’ivresse de la sensualité qu’elle dégage. L’occasion est toute trouvée pour mettre en scène la beauté des Etats-Unis avec ses routes interminables, ses campagnes verdoyantes, ses montagnes rutilantes et ses marais. Le film est à la fois un voyage dans la géographie américaine et dans la psychologie des deux personnages. Le couple alterne raison et folie, sans doute par immaturité. Le sentiment de discrimination est profondément ancré dans leur personnalité et la fuite vers un ailleurs guère identifiable semble la seule issue à la stigmatisation dont leur communauté noire est victime.
Laurent Cambon / avoir-a-lire.com