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Cycle : L'autre histoire de l'Amérique / Detroit

 

 

(...) Bigelow reconstitue la nuit d’horreur avec une énergie et une colère terrassantes. Ahurissantes. Retrouvant ici son chef opérateur de Démineurs, Barry Ackroyd, un fidèle de Paul Greengrass (il a signé l’image de Vol 93 et Captain Philips) elle parvient à transcender ce néo-cinéma vérité épileptique qui est devenu la plaie du cinéma d’action contemporain, en le trempant dans une fureur B qui rappelle le meilleur de son cinéma eighties. Vous vous souvenez de cette longue séquence d’Aux Frontières de l’Aube, quand la bande de vampires de Lance Henriksen et Bill Paxton vient terroriser un bar de gentils rednecks ? C’est pareil ici. Avec des flics fous de la gâchette en lieu et place des goules assoiffées de sang. Mais si ce style pseudo-documentaire essoré retrouve de sa pertinence, c’est peut-être aussi parce que Bigelow remonte à la source du genre, l’année 67, celle de la sortie de Bonnie and Clyde et du tournage de La Nuit des Morts-Vivants, quand les jeunes cinéastes américains étaient électrisés par la nouvelle vague documentaire (des frères Maysles à Pennebaker), et ce qu’ils voyaient tous les soirs au journal télévisé. Quand le ciné US était teigneux, anar, incendiaire… Non, vraiment : Detroit est une bonne leçon d’histoire. 
Frédéric Foubert / Premiere